Sphaerulites foliaceus, un imposant rudiste
du Cénomanien de Charente-Maritime
Description des pièces et lieu des découvertes
Les fossiles présentés ici font partie des rudistes et proviennent de l’île Madame où ils sont assez communs dans le Cénomanien inférieur et moyen.
Ils
peuvent être découverts roulants et parfois débarrassés de leur gangue comme ce
fut le cas du bel exemplaire (photos N°1 et 2) qui a été libéré après un
éboulement de la falaise en plein Cénomanien moyen. Il possède un diamètre
d’environ 27 cm ce qui le classe parmi les rudistes de grosse taille. Son
épaisseur est plutôt faible avec une dizaine de centimètres en partie centrale.
Sa pièce maîtresse est constituée par une grosse valve (inférieure) dont le
dessus rappelle le pavillon d’une trompette et reçoit en son centre une valve-opercule
de taille bien plus petite. Le dessous de la valve inférieure est lamellisée et
de couleur brun-violet. Dans sa partie centrale on voit un petit trou qui
correspond vraisemblablement à l’ancrage d’origine du rudiste, dispositif rendu
inutile pour sa stabilisation avec sa croissance du fait des lamelles
facilitant son ancrage et de son poids.
Le
deuxième échantillon (photos N°3 et 4) qui provient du même secteur est tout à
fait similaire au premier avec une taille un peu moindre et un diamètre moyen
de 21 cm.
Mode de développement
Le
long du rivage ouest de l’île qui correspond à la fin du Cénomanien inférieur,
on découvre un estran érodé. Sur environ 1 km on repère certains rudistes en
place, présentant quelquefois la valve inférieure avec une cavité conique comme
on le voit sur la photo N°5. Ce spécimen a été dégagé lentement par l’érosion
mais a bien résisté du fait de sa minéralisation. On comptabilise plusieurs
dizaines de restes de ces rudistes de façon très disséminée ce qui fait pencher
pour un développement solitaire dans
ce milieu.
Certains sont de très grosse taille et plus épais que ceux du Cénomanien moyen car ils ont dû se développer en épaisseur pour s’affranchir du sédiment qui menaçait de les recouvrir. Les stries concentriques sur la paroi du cône témoignent de ces étapes de croissance.
Certains sont de très grosse taille et plus épais que ceux du Cénomanien moyen car ils ont dû se développer en épaisseur pour s’affranchir du sédiment qui menaçait de les recouvrir. Les stries concentriques sur la paroi du cône témoignent de ces étapes de croissance.
Dans le Cénomanien moyen, plusieurs rudistes accolés ont été découverts comme le montre le bloc sur la photo N°6. On peut penser qu’il s’agit d’une préfiguration à un mode de développement colonial adopté par d’autres espèces de rudistes telles que Polyconites polyconilites, ou Durania blayaci. Lorsque les conditions de développement étaient favorables, ils pouvaient constituer des récifs tabulaires.
Un peu d'histoire sur cette espèce
D’Orbigny
dans La Paléontologie Française (1) a décrit ce rudiste sous le nom de Radiolites agariciformis en précisant :
« Le nom d’agariciformis ayant été
donné par Delamétherie dès 1805, nous devons nécessairement le préférer à celui
de foliaceus imposé par Lamarck en 1819 ».
Bayle
en 1856 (2) a reconsidéré cette dénomination dans l’extrait des pages 83
et 84 que nous reproduisons textuellement:
« L'espèce avait été longtemps auparavant figurée d'une manière assez reconnaissable par Bruguière dans l'Encyclopédie méthodique [Dict. des vers, t. i, pl. 192, fig. 7, 8, 9 (1792)], mais sans être décrite. Le premier nom spécifique qui lui a été imposé est celui de foliacea, par lequel Lamarck a désigné cette coquille dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres [t. V I, p. 232 (1819)] (3). Fin 1824, M. de Blainville (Dict. des sc. nat., t. XXX II, p. 305) (4) substitua le nom d’agariciformis à celui de foliacea déjà donné par Lamarck. L'auteur de la Paléontologie française a adopté le nom d'agariciformis sous le prétexte que ce nom avait, dès 1805, été donné par Delamétherie (5). Or, nulle part, dans sa description, Delamétherie ne s'est servi d'un pareil nom pour désigner cette coquille ; il l'a simplement appelée la Sphérulite. On doit donc reprendre le nom spécifique proposé par Lamarck, comme étant le plus ancien qui ait été imposé à cette espèce. »
« L'espèce avait été longtemps auparavant figurée d'une manière assez reconnaissable par Bruguière dans l'Encyclopédie méthodique [Dict. des vers, t. i, pl. 192, fig. 7, 8, 9 (1792)], mais sans être décrite. Le premier nom spécifique qui lui a été imposé est celui de foliacea, par lequel Lamarck a désigné cette coquille dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres [t. V I, p. 232 (1819)] (3). Fin 1824, M. de Blainville (Dict. des sc. nat., t. XXX II, p. 305) (4) substitua le nom d’agariciformis à celui de foliacea déjà donné par Lamarck. L'auteur de la Paléontologie française a adopté le nom d'agariciformis sous le prétexte que ce nom avait, dès 1805, été donné par Delamétherie (5). Or, nulle part, dans sa description, Delamétherie ne s'est servi d'un pareil nom pour désigner cette coquille ; il l'a simplement appelée la Sphérulite. On doit donc reprendre le nom spécifique proposé par Lamarck, comme étant le plus ancien qui ait été imposé à cette espèce. »
Toucas
en 1907 (6) a confirmé cette position. C’est donc bien à Lamarck que revient la
dénomination de l’espèce contrairement à ce qu’indique J. Macé-Bordy dans sa « Révision des rudistes du Crétacé d’Alcide
d’Orbigny » en 2007 (7) qui a dû suivre l’affirmation de d’Orbigny.
Le rudiste doit donc être appelé Sphaerulites foliaceus Lamarck, 1819. Le genre Sphaerulites fait partie de la famille des Radiolitidés étudiés par Toucas.
Le rudiste doit donc être appelé Sphaerulites foliaceus Lamarck, 1819. Le genre Sphaerulites fait partie de la famille des Radiolitidés étudiés par Toucas.
On
notera que Delamétherie dans sa description (5) du rudiste de l’île d’Aix, signalait
« un petit trou rond au centre de la
valve inférieure qui paraît avoir été l’insertion d’un pédoncule »,
particularité morphologique que nous avons relevée sur les 2 rudistes présentés
sur les photos 2 et 4.
En
suivant la flèche repérée C sur la photo N° 5 on décèle une crête que Bayle (2)
a désignée par arête cardinale en
soulignant que c’était une particularité des
Sphaerulites qui la différentiait des Radiolites
(dans le sillage de Lamarck (3) qui avait bien séparé les 2 genres).
Ce
rudiste a une assez vaste étendue géographique et d’Orbigny le cite dans la
Paléontologie Française en plus de l’île Madame, à Fouras, à Nancras, à Pons, à
Cognac, à Angoulème, près de Périgueux, à Chinon ……
Références bibliographiques
Références bibliographiques
J.P. Archambeau et S. Géry – Le 29 août 2017