Gyropleura ornata

Gyropleura ornata, un rudiste naviforme  
du Cénomanien de Charente-maritime

Description des pièces et lieux des découvertes

Gyropleura ornata (d’Orbigny, 1850) est un rudiste de la famille des Requiinidae. D'Orbigny le considérait comme une espèce rare. Celle-ci est voisine des rudistes Gyropleura delarueana et Gyropleura navis avec lesquels elle présente de grandes similitudes en raison notamment de l’aspect naviforme de la valve droite des trois espèces.

R. AUSSANT, membre du club «La Rochelle fossiles» en a récolté plusieurs exemplaires en 2016-2017 dans le Cénomanien moyen (unités C2-C3) ou supérieur (unité F) de l’île Madame ainsi que dans le Cénomanien inférieur de Fouras-les-Bains secteur nord (unité B1) et côté sud (unité B3).

Spécimen provenant de l’île Madame (unité F) – Collection R. Aussant n°54

Vue de profil : Longueur 53 mm – largeur 24 mm – Hauteur 33 mm

Malgré une recherche documentaire importante la seule figuration récente et officielle du Gyropleura ornata a été trouvée dans l’ouvrage de D. Néraudeau (1). Les reproductions et commentaires dus à d’Orbigny (2) et à Douvillé (3) ont été repris en l’état par J. Macé-Bordy en 2002 (4). Ces analyses conservent donc, par défaut, leur actualité bien qu’elles ont porté sur une reconstitution composite des matériels. C’est sur les descriptions de ces auteurs qu’il a été procédé à l’identification des spécimens récemment découverts. Les figurations de l’époque sont reproduites ci-dessous.

Gyropleura ornata (d’Orbigny, 1850)

Paléontologie française Tome IV : atlas planche 589; texte page 257

Le Gyropleura ornata est de taille centimétrique. Son diamètre varie entre 3 et 7 cm, remarque étant faite que les spécimens récoltés sur l’île Madame font le double de ceux prélevés à Fouras-les-Bains. La valve gauche n’a jamais pu être observée. La coquille est ovale, la valve droite, oblique et très élevée, est fixée sur une grande partie de sa surface. Des lignes de croissance sont nettement visibles sur le test qui présente comme caractéristique remarquable un crochet fortement contourné dans le même sens que sur les Exogyra. 

Même spécimen qu’en tête

        Vue de dessus

Vue de la partie adhérente 

Exemplaire trouvé à Fouras-les Bains nord (unité B1) – Collection R. Aussant n°55

 Longueur 23 mm – largeur 18 mm – Hauteur 16 mm

           Vue du dessus

Aperçu du crochet 

L’ornementation du test constitue un autre élément d’identification discriminant. Douvillé (3) décrit des côtes « anguleuses, fortement échinulées de distance en distance ; elles présentent des stries transverses, fines et serrées, qui se prolongent dans l’intervalle des côtes » C’est ce que montrent les photos suivantes sur lesquelles les détails du spécimen de l'île Madame n°54 ont été agrandis:

Côtes hérissées de petites crêtes

Stries transverses

Un peu d’histoire sur cette espèce

D’Orbigny, dans la « paléontologie française » de 1850, attribua à ce rudiste le genre relativement large (à cette époque) de Requienia créé par Matheron en 1842 et l’appela Requienia ornata.

Douvillé, en 1887, mettant à profit les progrès réalisés dans la distinction entre le genre Requienia considéré comme « forme normale » et le genre Gyropleura décrit comme « forme inverse » a définitivement établi l’identité de Gyropleura ornata. A cet effet, il explique que la seconde forme se distingue immédiatement de la première « par le mode d’enroulement de la valve fixée qui est de même sens que dans les Exogyra. Ce mode d’enroulement résulte de ce que les coquilles sont prosogyres et toujours fixées par la valve droite ».

En 2007, J. Macé-Bordy (4) a confirmé l’actualité de cette identification.

Ce rudiste a été peu étudié. On peut imaginer que cela est dû à la relative rareté de l’espèce combinée à l’imperfection des tests récoltés (absence de valve supérieure, crochet très peu visible sur les figurations, tests le plus souvent incomplets) et à leur petite taille.

Distribution géographique : en France, le rudiste Gyropleura ornata a été rencontré à Charras, Fouras-les-Bains, l’île Madame, l’île d’Aix, Archingeay et Angoulême. Les recherches effectuées dans diverses publications n’ont pas permis d’en répertorier ailleurs qu’en France.

                                                    Sylvain GERY, le 27 septembre 2017.