Les fossiles du système
karstique des sources de la TOUVRE
près
d’Angoulême (Charente)
Lieu des découvertes
Les sources de la TOUVRE sont
constituées de trois exutoires d’un réseau souterrain de conduits et de grottes où
circulent de grandes quantités d’eaux. Celles-ci proviennent des pluies et,
majoritairement, des pertes de rivières, dans un système hydrogéologique
particulier d’érosion appelé « karstification »* commandé par la
dissolution des roches carbonatées.
Elles sortent des calcaires
récifaux de l’Oxfordien-Kimméridgien inférieur, à la faveur de la faille de
l’Echelle qui met en contact ces calcaires avec les marnes du Kimméridgien
supérieur. Cette zone, correspondant à des récifs, restera haute durant tout le
Jurassique moyen et la plus grande partie du Jurassique supérieur. Cette
permanence d’une sédimentation de haut-fond très carbonatée est une spécificité
locale qui a favorisé la dissolution et la création des cavités karstiques.
Entre les années 1975 et 1980, de
nombreuses études ont été menées, principalement orientées vers les domaines de
la morpho-sédimentologie de surface et l’hydrogéologie. Rares sont celles qui
ont évoqué la faune paléontologique associée au contexte géologique, comme
quasi-inexistantes sont les photographies des espèces découvertes.
Au mois de novembre 2016, Claude CLIN, photographe professionnel
et plongeur sous-marin accompli m’a demandé s’il était possible de dater et
d’identifier les espèces fossiles figurant sur les clichés pris lors de ses
expéditions dans le Font de Lussac.
Cette fiche reproduit les
photographies les plus représentatives ainsi que des éléments d’identification
des fossiles rencontrés.
L’accès aux lieux
L’accès se fait par voie
sous-marine. Les photographies prises à environ 20 m sous la surface (cf. schéma précédent**) révèlent des espèces caractéristiques du Jurassique
moyen (- 150 à - 142 M.A.).
L’environnement géologique
La couche géologique est typique de l'assemblage péri-récifal de ce niveau du Jurassique supérieur.
A noter que les cavités abritant
les fossiles sont constituées de calcaires oolithiques*** ferrugineux. La
présence de trous ou de dégradations dans les spécimens signifie que le
phénomène de dissolution est toujours en cours.
Oolithes ferrugineuses |
Filon ferro-manganique (largeur environ 20 cm) |
Description sommaire des pièces fossiles
Le caractère sommaire des
éléments d’identification est lié à plusieurs facteurs :
- l'obscurité,
- l'obscurité,
-
la turbidité du milieu aquifère,
-
l’impossibilité de pouvoir examiner les spécificités
propres à la reconnaissance des pièces, par exemple la charnière pour les
bivalves,
-
la calcification extrême du milieu.
On y reconnaît cependant
plusieurs genres de bivalves, des gastéropodes, des spongiaires, des coraux ainsi que des articles de tiges de crinoïdes.
Bivalve de la famille des Ostreidae |
à gauche huître longue indéterminée - à droite bivalve de la famille des Gryphaeidae
|
Bivalve de la famille des Astartidae (en haut à gauche)
Gastéropodes de la famille des Nerineidae (Cosmannea desvoidyi?)
Spongiaire démosponge renversé du genre Hyalotragos
Stromatopore (calcisponge) Segments de tiges de Crinoïdes du genre Apiocrinites (Apiocrinites roissyanus?)
Toutes les photographies sont la propriété de
leur auteur: Claude CLIN.
* On doit ce nom à la région de Kras en Slovénie,
** Schéma extrait de la thèse soutenue le 13 décembre 2011 par Grégory DANDURAND : cavités et remplissage de la nappe karstique de Charente https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00684382,
*** Une oolithe est composée d'un noyau autour duquel s'est initié le développement concentrique d'une précipitation chimique du carbonate de calcium.
Sylvain GERY et Claude CLIN le, 17 janvier 2017
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