Millericrinus insignis,
crinoïde retrouvé à Aytré (17)
Description des pièces et lieu des
découvertes
Ce sont de
belles découvertes de restes de crinoïdes qu’a faites Elisabeth Gadin vers 1990
le long de la petite falaise de Roux au nord de la plage d’Aytré. En premier
lieu un calice avec son petit bout de tige sur la photo N°1. Puis des bases de
calice figurées sur la photo N°4. Il est très rare de découvrir des parties bien
conservées même si on trouve de temps à autre des morceaux disloqués comme on
le voit sur le bloc de la photo N°5. La strate correspondante n’apparait que
dans quelques endroits en particulier dans une toute petite portion de falaise ;
voir la photo N°3. Ces crinoïdes accompagnés de petites colonies de coraux annoncent
des conditions favorables au développement des massifs coralliens qui prendront
tout leur essor à la Pointe du Chay voisine.
Ce calice avec
sa forme globuleuse constituait la partie centrale d’un crinoïde (ou lis de
mer). Il possédait des bras pour canaliser la nourriture et une tige qu’on peut
estimer à 50 cm qui se terminait par un crampon pour sa fixation sur le fond
marin. La base du calice comportait de fines stries sur les faces de contact
comme le montre la photo N° 4, particularité qui se détecte également au niveau
des lignes de contact des articles par une petite ondulation repérée par la
flèche sur la photo N°2.
Un peu
d’histoire sur cette espèce
La description
du crinoïde a été faite sous le nom d’Apiocrinus
insignis par d’Orbigny dans son
Prodrome de 1850* sous le N° 455 et reprise par de Loriol dans la Paléontologie
Française** de 1882-1884. Dans ce dernier document il est précisé que
l’exemplaire de d’Orbigny est à considérer comme type de l’espèce (lectotype)
alors qu’un autre calice a été trouvé par Ch. Basset qui l’avait décrit en 1866
sous le nom de Millericrinus carolus. Ces deux calices proviennent également
de la côte nord d’Aytré. On peut parler de redécouverte pour les éléments
trouvés par E. Gadin car il ne semble pas que d’autres aient été récoltés
depuis les deux premiers.
Discussion sur le genre du crinoïde insignis
Aujourd’hui il
arrive de trouver insignis classé
dans le genre Pomatocrinus. A noter
que ce genre a été introduit par Köning à partir de mespiliformis (bien plus commun qu’insignis) du fait du critère globuleux de son calice. Rappelons que
le genre Pomatocrinus fut officialisé
par Desor (1845)*** qui abonda dans cette approche alors que d’Orbigny avait
privilégié la structure conduisant à intégrer mespiliformis dans le genre Millericrinus
démarche qui fut suivie par de Loriol (1878)**** puis reprise dans la
Paléontologie Française**.
L’étude anatomique
de crinoïdes par Michel Roux en 1978***** a confirmé l’appartenance de mespiliformis et d’insignis au genre Millericrinus
en indiquant que « l’organisation de leur calice est très proche ».
Toutefois dans la classification qu’il donne en fin d’article, il les met en
synonymie ce qui n’est pas acceptable, notamment du fait de stries sur la base
du calice d’insignis qui n’existent
pas sur mespiliformis.
Le crinoïde
est donc dénommé Millericrinus insignis
(d’Orbigny, 1850).
JP. Archambeau
– Le 17 janvier 2017