jeudi 2 février 2017

Millericrinus insignis,
crinoïde retrouvé à Aytré (17)


Description des pièces et lieu des découvertes

Ce sont de belles découvertes de restes de crinoïdes qu’a faites Elisabeth Gadin vers 1990 le long de la petite falaise de Roux au nord de la plage d’Aytré. En premier lieu un calice avec son petit bout de tige sur la photo N°1. Puis des bases de calice figurées sur la photo N°4. Il est très rare de découvrir des parties bien conservées même si on trouve de temps à autre des morceaux disloqués comme on le voit sur le bloc de la photo N°5. La strate correspondante n’apparait que dans quelques endroits en particulier dans une toute petite portion de falaise ; voir la photo N°3. Ces crinoïdes accompagnés de petites colonies de coraux annoncent des conditions favorables au développement des massifs coralliens qui prendront tout leur essor à la Pointe du Chay voisine.
Ce calice avec sa forme globuleuse constituait la partie centrale d’un crinoïde (ou lis de mer). Il possédait des bras pour canaliser la nourriture et une tige qu’on peut estimer à 50 cm qui se terminait par un crampon pour sa fixation sur le fond marin. La base du calice comportait de fines stries sur les faces de contact comme le montre la photo N° 4, particularité qui se détecte également au niveau des lignes de contact des articles par une petite ondulation repérée par la flèche sur la photo N°2.



Un peu d’histoire sur cette espèce

La description du crinoïde a été faite sous le nom d’Apiocrinus insignis par d’Orbigny dans son Prodrome de 1850* sous le N° 455 et reprise par de Loriol dans la Paléontologie Française** de 1882-1884. Dans ce dernier document il est précisé que l’exemplaire de d’Orbigny est à considérer comme type de l’espèce (lectotype) alors qu’un autre calice a été trouvé par Ch. Basset qui l’avait décrit en 1866 sous le nom de Millericrinus carolus. Ces deux calices proviennent également de la côte nord d’Aytré. On peut parler de redécouverte pour les éléments trouvés par E. Gadin car il ne semble pas que d’autres aient été récoltés depuis les deux premiers.


Discussion sur le genre du crinoïde insignis


Aujourd’hui il arrive de trouver insignis classé dans le genre Pomatocrinus. A noter que ce genre a été introduit par Köning à partir de mespiliformis (bien plus commun qu’insignis) du fait du critère globuleux de son calice. Rappelons que le genre Pomatocrinus fut officialisé par Desor (1845)*** qui abonda dans cette approche alors que d’Orbigny avait privilégié la structure conduisant à intégrer mespiliformis dans le genre Millericrinus démarche qui fut suivie par de Loriol (1878)**** puis reprise dans la Paléontologie Française**.
L’étude anatomique de crinoïdes par Michel Roux en 1978***** a confirmé l’appartenance de mespiliformis et d’insignis au genre Millericrinus en indiquant que « l’organisation de leur calice est très proche ». Toutefois dans la classification qu’il donne en fin d’article, il les met en synonymie ce qui n’est pas acceptable, notamment du fait de stries sur la base du calice d’insignis qui n’existent pas sur mespiliformis.
Le crinoïde est donc dénommé Millericrinus insignis (d’Orbigny, 1850).


                                                                                     
                                                                                               JP. Archambeau – Le 17 janvier 2017