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lundi 22 mai 2017

Polyconites polyconilites, rudiste
du Cénomanien de Charente-Maritime


Description des pièces et lieu des découvertes

Les deux fossiles en photo ci-dessous représentent des rudistes, catégorie de bivalves comportant des valves disproportionnées. Ils proviennent du Cénomanien moyen  de l’île Madame où ils sont assez communs dans l’unité C3 et plus rares dans l’unité C2.

Les photos N°1 et 2 montrent un spécimen bien caractéristique, avec une valve en forme de cornet de section ovale, très feuilleté (trait traduisant les étapes de développement) et un sillon vertical bien marqué. Ce rudiste présente une déformation de la pointe qui correspond vraisemblablement à une adaptation d’espace ou d’orientation lors de son développement. L’opercule est plat, calcifié de couleur beige avec de fines lignes de croissance. De chaque côté d’un petit dôme central décentré du côté du sillon, on distingue 2 légères dépressions correspondant à l’intérieur aux myophores (servant à l’attache des muscles).

La photo N° 3 fait apparaître à l’intérieur du rudiste (récolté dans cet état) un énorme cône qui correspond à la cavité qu’occupait l’animal. On ne distingue pas les autres petits cônes mentionnés par d’Orbigny* puis décrits et figurés par Douvillé**.


Un peu d’histoire sur cette espèce

C’est Roulland qui décrivit le rudiste Polyconite operculée en deux temps dans le bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux en 1829 à partir d’échantillons trouvés à Pradières à la source salée près de Foix et à Padern dans l’Aude. Dans sa publication de 1842, d’Orbigny le renomma Radiolites polyconilites, en le classant dans le genre très vaste des Radiolites de Lamarck et en normalisant le nom d’espèce pour remplacer le nom vernaculaire de Roulland. L’espèce fut reprise dans la Paléontologie Française* de 1842 dans laquelle d’Orbigny indique l’avoir « recueillie à l’île Madame … à Nancras ainsi qu’à Angoulème et à Cognac dans le département voisin de la Charente ».

Douvillé en 1887** rétablit le genre Polyconites (au pluriel pour tenir compte de sa morphologie comportant plusieurs cônes) qu’il attribua à juste titre à Roulland mais lui donna un nouveau nom d’espèce : operculatus pour rappeler celui qu’avait choisi Roulland. 

Toutefois, dans sa révision de 2007 sur les rudistes crétacés de la Paléontologie Française***, Mme Macé-Bordy a réhabilité le nom d’espèce de d’Orbigny, le plus valide dans l’ordre d’ancienneté. La description de Roulland étant correcte, cette espèce lui est attribuée. Ce rudiste doit donc être appelé Polyconites polyconilites (Roulland, 1829).




                                                                         J.P. Archambeau – Le 20 mai 2017