Polyconites polyconilites, rudiste
du Cénomanien de Charente-Maritime
Description des pièces et lieu des découvertes
Les deux fossiles en photo
ci-dessous représentent des rudistes, catégorie de bivalves comportant des
valves disproportionnées. Ils proviennent du Cénomanien moyen de l’île
Madame où ils sont assez communs dans l’unité C3 et plus rares dans l’unité C2.
Les photos N°1 et 2 montrent un spécimen
bien caractéristique, avec une valve en forme de cornet de section ovale, très
feuilleté (trait traduisant les étapes de développement) et un sillon vertical
bien marqué. Ce rudiste présente une déformation de la pointe qui correspond vraisemblablement
à une adaptation d’espace ou d’orientation lors de son développement. L’opercule
est plat, calcifié de couleur beige avec de fines lignes de croissance. De
chaque côté d’un petit dôme central décentré du côté du sillon, on distingue 2 légères
dépressions correspondant à l’intérieur aux myophores (servant à l’attache des
muscles).
La photo N° 3 fait apparaître à
l’intérieur du rudiste (récolté dans cet état) un énorme cône qui correspond à
la cavité qu’occupait l’animal. On ne distingue pas les autres petits cônes mentionnés
par d’Orbigny* puis décrits et figurés par Douvillé**.
Un peu d’histoire sur cette espèce
C’est Roulland qui décrivit le rudiste
Polyconite operculée en deux temps
dans le bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux en 1829 à partir
d’échantillons trouvés à Pradières à la source salée près de Foix et à Padern
dans l’Aude. Dans sa publication de 1842, d’Orbigny le renomma Radiolites polyconilites, en le classant
dans le genre très vaste des Radiolites
de Lamarck et en normalisant le nom d’espèce pour remplacer le nom vernaculaire
de Roulland. L’espèce fut reprise dans la Paléontologie Française* de 1842 dans
laquelle d’Orbigny indique l’avoir « recueillie à l’île Madame … à Nancras
ainsi qu’à Angoulème et à Cognac dans le département voisin de la
Charente ».
Douvillé en 1887** rétablit le genre Polyconites
(au pluriel pour tenir compte de sa morphologie comportant plusieurs cônes)
qu’il attribua à juste titre à Roulland mais lui donna un nouveau nom d’espèce :
operculatus pour rappeler celui
qu’avait choisi Roulland.
Toutefois, dans sa révision de
2007 sur les rudistes crétacés de la Paléontologie Française***, Mme Macé-Bordy
a réhabilité le nom d’espèce de d’Orbigny, le plus valide dans l’ordre
d’ancienneté. La description de Roulland étant
correcte, cette espèce lui est attribuée. Ce rudiste doit donc être appelé Polyconites polyconilites (Roulland, 1829).
J.P. Archambeau – Le 20 mai 2017