Rasenioides chatelaillonensis,
ammonite du Kimméridgien inférieur (17)
Description des pièces et lieu des
découvertes
Les
ammonites présentées ici proviennent toutes de l’estran des Bouchôleurs sur la
commune de Châtelaillon-Plage, endroit qui fait apparaître entre les parcs à
huîtres des marnes gris-bleu parfois beiges, durcies ou tendres surmontées par
une couche oolithique de couleur jaune. La séquence a été décrite par M. Normand
* à partir de la coupe que présentait la falaise en bord de côte qui a été rabotée
et consolidée à sa base par des rochers en 1970. Ce niveau fait partie de la
fin du Kimméridgien inférieur, il apparait au nord-ouest de l’île de Ré et se
poursuit depuis Châtelaillon suivant une bande d’affleurements discontinus en
direction du sud-est jusqu’à St Jean d’Angély.
L’ammonite
sur les photos N°1-A et 1-B correspond à un macroconque (femelle) adulte de
belle taille ; son usure a atténué son relief en particulier les
bourrelets sur la dernière partie correspondant à la loge d’habitation qui
occupe un peu plus d’un demi-tour. La vue ventrale montre une faible épaisseur
qui induit un ombilic peu profond.
La
photo N°2 figure une ammonite macroconque amputée de sa loge qui recouvrait une
partie de l’enroulement (qui correspond à la zone externe qui apparaît plus
blanche sur la photo). Elle devait avoir une taille voisine de la précédente.
La photo N°3 fait apparaître les lignes de suture qui caractérisent l’espèce. Sur le spécimen correspondant (N°2), les dessins de l’ornementation sont bien espacés contrairement à ceux de l’ammonite N°1 où ils sont à touche-touche.
N°4: Macroconque F max: 11 cm N°5 : Microconque F max: 2,2 cm
N° de classement : 803 N°
de classement : 804
La
photo N°4 représente un macroconque qui n’a pas atteint le stade adulte et ne
fait pas apparaître de bourrelets. Cet exemplaire présente lui aussi un
empilement des sutures (15 dessins sur un ½ tour). La dernière partie sans
sutures constitue la loge d’habitation (peut-être ici incomplète).
La photo N°5 correspond au microconque (mâle) de l’espèce. Cette forme
plutôt plate est toute petite et pas représentée à la même échelle que les
macroconques pour un meilleur rendu des détails. En plus de sa faible taille
elle se différencie complètement des macroconques avec une costulation fine et
homogène. L’indice de division des côtes est moins accentué sur la fin de
l’enroulement, avec des côtes secondaires ininterrompues en zone ventrale.
Un peu d’histoire sur cette espèce
Dans
les Annales de la Société des Sciences Naturelles de la Charente-Inférieure de
1883, le rapport rédigé par M. Basset sur l’excursion faite à la falaise des
Bouchôleurs signale la découverte de l’Ammonites
Cymodoce, d’Orbigny. Comme on ne trouve qu’un type d’ammonite sur ce site,
il y a eu une confusion qui durera pratiquement un siècle puisque Mme Corlieux
la cite encore en 1972**.
Il
faudra attendre les travaux de P. Hantzpergue en 1989 dans son mémoire sur les
ammonites du Kimméridgien de l’Europe occidentale *** pour avoir l’historique
et l’étude sur cette ammonite Rasenioides
chatelaillonensis. Nous renvoyons aux pages 276 à 278 de la publication pour
la description et à la Planche 34 pour les photos. Elle se particularise par
l’apparition de bourrelets cunéiformes au stade terminal ornant la loge
d’habitation qui occupe environ la moitié du dernier tour. Le descriptif donne
aussi l’étendue géographique de cette espèce qui va des Charentes au Boulonnais
en passant par le Berry et la Meuse. Un lectotype a été retenu provenant des
marnes de Châtelaillon secteur des Bouchôleurs (colline d’Angoute).
Pour
le macroconque, P. Hantzpergue rappelle qu’une petite ammonite provenant des
Bouchôleurs avait été étudiée par Douvillé en 1909**** sous le nom de Proplanulites mutabilis. Dans sa note
Douvillé indiquait toutefois ne pas avoir d’éléments suffisants pour
différencier l’exemplaire des Bouchôleurs de la Proplanulites mutabilis de Sowerby, 1823. P. Hantzpergue a retracé
dans sa publication*** l’historique de l’étude de cette ammonite que l’on
peut résumer ainsi: après la thèse
inédite de Morris, 1968 et la première figuration de l’espèce en 1980 par P. Hantzpergue
et Debrand-Passard, elle est dénommée Rasenioides chatelaillonensis (Morris
MS) Hantzpergue, 1987.
Le
microconque de l’espèce est vraiment de petite taille (dimorphisme sexuel). P. Hantzpergue distingue sur les 2 exemplaires
représentés sur la Planche 34 (tous les 2 de 32 mm de diamètre) une variabilité
de la costulation : fine sur l’une et plus accentuée sur l’autre. On
notera surtout une différence par rapport au spécimen présenté sur la photo N°5
(dont le diamètre fait 22 mm) qui montre un nombre de côtes moins grand, côtes
qui présentent des crêtes à peine formées côté ombilic. Cette variation
observée aussi sur un autre microconque (de 15 mm de diamètre, non figuré ici)
pourrait-elle s’expliquer par la plus petite taille ? Plus surprenant est la ressemblance du
microconque de Rasenioides
chatelaillonensis avec celui de Rasenioides
askeptus qui a conduit P. Hantzpergue à retenir pour R. chatelaillonensis la forme lepidula
de la R. askepus (cf. page 271) ***.
N.B. Les ammonites présentées font partie de la collection de J.P. Archambeau.
J.P. Archambeau - le 27 novembre 2017