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vendredi 1 décembre 2017

Rasenioides chatelaillonensis,
ammonite du Kimméridgien inférieur (17)


 Description des pièces et lieu des découvertes

Les ammonites présentées ici proviennent toutes de l’estran des Bouchôleurs sur la commune de Châtelaillon-Plage, endroit qui fait apparaître entre les parcs à huîtres des marnes gris-bleu parfois beiges, durcies ou tendres surmontées par une couche oolithique de couleur jaune. La séquence a été décrite par M. Normand * à partir de la coupe que présentait la falaise en bord de côte qui a été rabotée et consolidée à sa base par des rochers en 1970. Ce niveau fait partie de la fin du Kimméridgien inférieur, il apparait au nord-ouest de l’île de Ré et se poursuit depuis Châtelaillon suivant une bande d’affleurements discontinus en direction du sud-est jusqu’à St Jean d’Angély.


L’ammonite sur les photos N°1-A et 1-B correspond à un macroconque (femelle) adulte de belle taille ; son usure a atténué son relief en particulier les bourrelets sur la dernière partie correspondant à la loge d’habitation qui occupe un peu plus d’un demi-tour. La vue ventrale montre une faible épaisseur qui induit un ombilic peu profond.

La photo N°2 figure une ammonite macroconque amputée de sa loge qui recouvrait une partie de l’enroulement (qui correspond à la zone externe qui apparaît plus blanche sur la photo). Elle devait avoir une taille voisine de la précédente.

La photo N°3 fait apparaître les lignes de suture qui caractérisent l’espèce. Sur le spécimen correspondant (N°2), les dessins de l’ornementation sont bien espacés contrairement à ceux de l’ammonite N°1 où ils sont à touche-touche.



          N°4: Macroconque  F max: 11 cm                                           N°5 : Microconque F max: 2,2 cm
           N° de classement : 803                                                             N° de classement : 804                  

La photo N°4 représente un macroconque qui n’a pas atteint le stade adulte et ne fait pas apparaître de bourrelets. Cet exemplaire présente lui aussi un empilement des sutures (15 dessins sur un ½ tour). La dernière partie sans sutures constitue la loge d’habitation (peut-être ici incomplète).

La photo N°5 correspond au microconque (mâle) de l’espèce. Cette forme plutôt plate est toute petite et pas représentée à la même échelle que les macroconques pour un meilleur rendu des détails. En plus de sa faible taille elle se différencie complètement des macroconques avec une costulation fine et homogène. L’indice de division des côtes est moins accentué sur la fin de l’enroulement, avec des côtes secondaires ininterrompues en zone ventrale.


Un peu d’histoire sur cette espèce

Dans les Annales de la Société des Sciences Naturelles de la Charente-Inférieure de 1883, le rapport rédigé par M. Basset sur l’excursion faite à la falaise des Bouchôleurs signale la découverte de l’Ammonites Cymodoce, d’Orbigny. Comme on ne trouve qu’un type d’ammonite sur ce site, il y a eu une confusion qui durera pratiquement un siècle puisque Mme Corlieux la cite encore en 1972**.

Il faudra attendre les travaux de P. Hantzpergue en 1989 dans son mémoire sur les ammonites du Kimméridgien de l’Europe occidentale *** pour avoir l’historique et l’étude sur cette ammonite Rasenioides chatelaillonensis. Nous renvoyons aux pages 276 à 278 de la publication pour la description et à la Planche 34 pour les photos. Elle se particularise par l’apparition de bourrelets cunéiformes au stade terminal ornant la loge d’habitation qui occupe environ la moitié du dernier tour. Le descriptif donne aussi l’étendue géographique de cette espèce qui va des Charentes au Boulonnais en passant par le Berry et la Meuse. Un lectotype a été retenu provenant des marnes de Châtelaillon secteur des Bouchôleurs (colline d’Angoute).

Pour le macroconque, P. Hantzpergue rappelle qu’une petite ammonite provenant des Bouchôleurs avait été étudiée par Douvillé en 1909**** sous le nom de Proplanulites mutabilis. Dans sa note Douvillé indiquait toutefois ne pas avoir d’éléments suffisants pour différencier l’exemplaire des Bouchôleurs de la Proplanulites mutabilis de Sowerby, 1823. P. Hantzpergue a retracé dans sa publication*** l’historique de l’étude de cette ammonite que l’on peut résumer ainsi:  après la thèse inédite de Morris, 1968 et la première figuration de l’espèce en 1980 par P. Hantzpergue et Debrand-Passard, elle est dénommée Rasenioides chatelaillonensis (Morris MS) Hantzpergue, 1987.

Le microconque de l’espèce est vraiment de petite taille (dimorphisme sexuel).  P. Hantzpergue distingue sur les 2 exemplaires représentés sur la Planche 34 (tous les 2 de 32 mm de diamètre) une variabilité de la costulation : fine sur l’une et plus accentuée sur l’autre. On notera surtout une différence par rapport au spécimen présenté sur la photo N°5 (dont le diamètre fait 22 mm) qui montre un nombre de côtes moins grand, côtes qui présentent des crêtes à peine formées côté ombilic. Cette variation observée aussi sur un autre microconque (de 15 mm de diamètre, non figuré ici) pourrait-elle s’expliquer par la plus petite taille ?  Plus surprenant est la ressemblance du microconque de Rasenioides chatelaillonensis avec celui de Rasenioides askeptus qui a conduit P. Hantzpergue à retenir pour R. chatelaillonensis la forme lepidula de la R. askepus (cf. page 271) ***.

N.B. Les ammonites présentées font partie de la collection de J.P. Archambeau.




                                                                       J.P. Archambeau - le 27 novembre 2017