Encroûtements de microbialites dans les
récifs de la Pointe du Chay-Angoulins (17)
Description et lieu de ces formations
Le site géologique
de la Pointe du Chay (commune d’Angoulins-sur-Mer) qui date du Kimméridgien
inférieur est caractérisé par des constructions coralliennes constituées
principalement de Calamophylliopsis, d’éponges
ainsi que de restes d’animaux qui vivaient dans les failles des massifs ou dans
leur environnement. C’est surtout dans le 1er épisode récifal où les
biohermes sont bien développés que l’on découvre des formations très
particulières sous la forme d’encroûtements de microbialites mamelonnés (voir
Photo N°1) et de concrétions rappelant celles des grottes souterraines (voir
Photo N°2).
Un peu
d’histoire sur ces formations
Ce sont Taylor
et Palmer en 1994* qui ont les premiers étudié ces formations en se focalisant
sur les grottes du 1er épisode récifal (voir photo N°3). Ces grottes
constituaient des refuges abritant des organismes (brachiopodes thecideidines,
huîtres, serpules, bryozoaires …) qui servaient
de substrat aux encroûtements microbialitiques. Taylor et Palmer ont classé les
bioconstructions du Chay comme récifs de type corallo-thrombolitiques (I.Bour** :
Contrairement aux stromatolites
laminaires, les thrombolites ont une texture coalescente (1)). Jusque-là ces
particularités géologiques étaient considérées produites par des algues rouges.
Plus récemment (2003),
Nicolas Olivier et al.*** ont étudié en détail les microbialites, et en ont caractérisé
les différentes morphologies et processus de formation en 4 catégories:
- les
encroûtements mamelonnés (photo N°1) sur les flancs et dessous le bioherme,
- formations
stalactitiques dans le toit des cavités (photo N°2),
- microbialites
réticulées à la périphérie des biohermes,
- microbialites
interstitielles reliant des éléments du récif.
Les microbialites
ont joué un rôle important dans la construction et la consolidation des récifs,
jusqu’à 70% de leur volume dans certains endroits. Elles sont le résultat de
l’activité microbienne (cyanobactéries et autres bactéries), le gaz carbonique produit
précipitant le carbonate de calcium dissous dans l'eau. L’efficience de ce mécanisme a été
fonction des conditions environnementales (principalement : nutriments, niveaux
marins, turbidité) sujet analysé dans la publication de 2008 par Nicolas
Olivier et al.****.
(1) Texture coalescente :
« les
thrombolites correspondent à des structures d’accrétions sédimentaires coagulées
formées en eau peu profonde par le piégeage, l’accolement et la cimentation de
grains sédimentaires par des biofilms microbiens (Bowlin et al. 2011) ».
JP. Archambeau – Le 5 novembre 2016